AngolaAngola

Angola
República de Angola

Drapeau de l'Angola
Capitale Luanda
Population 13 millions (est. 2006)
Langue officielle portugais (de facto)
Groupe majoritaire aucun
Groupes minoritaires une quarantaine de langues dont l'umbundu (35,7 %), le kimbundu (26,7 %), le kikongo (9,8 %), le nganguela (6 %), le quioco (4,5 %), etc.
Langue coloniale portugais
Système politique république miitarisée

Vous pouvez également consulter le site du ministère des Affaires étrangères, France diplomatie

Situation géographique

Situation de l'Angola Carte de l'angolaL'Angola, officiellement République d'Angola (República de Angola) est un pays situé à la charnière de l'Afrique centrale et de l'Afrique australe. Ouvert sur l'océan Atlantique, le pays est limité au nord et à l'est par la République démocratique du Congo (ou Congo-Kinshasa), à l'est par la Zambie et au sud par la Namibie C'est le septième pays d'Afrique par sa superficie ; en effet, il s'étend sur 1 246 700  km2, y compris l'enclave de Cabinda (7 270 km2) située au nord de l'embouchure du fleuve Zaïre.

L'Angola dont la capitale est Luanda, est divisé en 18 provinces : Bengo, Benguela, Bie, Cabinda, Cuando Cubango, Cuanza Norte, Cuanza Sul, Cunene, Huambo, Huila, Luanda, Lunda Norte, Lunda Sul, Malanje, Moxico, Namibe, Uige et Zaïre.

Un cas particulier est représenté par la province de Cabinda : c'est une enclave de 7 270 km2, séparée du reste du territoire angolais par le Congo-Kinshasa et située près de l'océan Atlantique à la frontière du Congo-Brazzaville. Grâce à l'exploitation du pétrole, ce petit territoire compte 115 000 habitants et assure à l'État angolais les trois quarts de ses revenus. La capitale de la province est Tchiowa.

L'Angola est le deuxième pays lusophone par son étendue (après le Brésil) et le troisième par sa population (après le Brésil et le Mozambique). Le pays occupe un territoire assurant la transition entre l'Afrique francophone, au nord, et l'Afrique anglophone, au sud.

Données démolinguistiques

Avec l'enclave de Cabinda, la population angolaise était estimée, en 2006, à 13 millions d'habitants. Cependant, ces données numériques sont approximatives, car le pays est affecté, depuis 1975, par les famines et la guerre civile. En 1994 seulement, quelque 400 000 personnes furent victimes de mutilations (dues notamment aux mines antipersonnel), 2,1 millions de personnes furent directement touchées par le conflit et 1,3 million d'autres ont été déplacées.

Les ethnies carte ethnolinguistique de l'Angola, © J. Leclerc 2009

Parmi les diverses ethnies qui peuplent l'Angola, quatre grands groupes forment près des trois quarts de la population. Les Ovimbundus (37 % de la population) dans le Centre-Sud ; les Mbundus (24 % de la population) dans le Centre-Nord ; les Bakongos (13,2 % de la population) dans le Nord-Ouest ; les Lunda-Tchokwés (5,4 %) dans l'Est ; les Nganguela (6 %) dans le Sud-Est. Mentionnons également les Nyaneka-Humbé (5,4 %) au sud, les Héréros (environ 1 %), les Ovambo (1 %) et les Xindonga (1 %), les deux derniers groupes appartenant à un même sous-groupe. À côté des Bantous, on trouve des peuples d'origine khoïsane (quelques milliers), issus des Boshimans et des Hottentots, qui vivent près de la frontière zambienne. Les métis représentent environ 2 % de la population. Avant l'indépendance en 1975, la communauté portugaise comptait environ 700 000 blancs ; la plupart de ceux-ci sont maintenant retournés au Portugal (environ 500 000 retornados) ou ont immigré en Afrique du Sud (environ 200 000). Toutefois, il en reste un certain nombre, notamment à Luanda et sur la côte ouest.

Le portugaisLe portugais en Afrique

En Afrique, le portugais est également la langue officielle de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert, des îles São Tomé e Principe et du Mozambique. Le portugais est demeuré la langue officielle de l'Angola après l'indépendance. En 1975, c'était la langue maternelle des blancs et seule une minorité de noirs le parlait comme langue seconde. En 1993, on estimait que le portugais était parlé par 57 600 locuteurs comme langue maternelle. Mais la situation a changé, et il doit bien y avoir en Angola des millions de « mauvais locuteurs » du portugais dans les grands centres urbains, où se croisent des gens de toutes les origines ethniques échappés à la guerre, lesquels non seulement doivent parler en portugais, mais transforment aussi leurs enfants en des locuteurs qui ont le portugais comme langue maternelle.

Cela dit, les données démolinguistiques sérieuses sur le portugais parlé en Angola ne sont guère fiables. Cependant, toutes les données confirment le fait que, depuis l'indépendance, la « lusophonisation » ou « lusitanisation » a réussi des avancées considérables, particulièrement dans les centres urbains, à un point tel qu'il existe peu d'exemple du genre en Afrique, même dans les anciennes colonies françaises ou britanniques. Comme on le sait, par exemple à Luanda, la capitale qui compte maintenant près de trois millions d'habitants dont un grand nombre de réfugiés des pays voisins (Congo-Kinshasa, Congo-Brazzaville, Namibie, Afrique du Sud, etc.), les Angolais parlant encore les langues bantoues locales demeurent peu nombreux: ou bien ils parlent le portugais s'ils sont des Angolais, ou bien le français ou l'anglais s'ils sont des réfugiés. Selon une étude officielle publiée dans le journal O Público de Luanda en 1995, près de 99 % de la population de cette ville serait capable de s'exprimer en portugais (langue maternelle et langue seconde). Il y a une vingtaine d'années, la plupart des enfants de Luanda parlaient l'umbundu lorsqu'ils jouaient dans la rue. Aujourd'hui, plus du tiers des enfants âgés entre six et quatorze ans ne parleraient que le portugais ou, du moins, ne connaissent que fort mal la langue de leurs parents. La « dépossession linguistique » est à ce point avancée dans la capitale que pour la plupart des Angolais le portugais est devenu la seule langue véhiculaire utilisée. Il en est ainsi pour les médias, la musique populaire, les livres, etc.

Dans les zones rurales, le portugais ne s'est pas autant implanté, parce que les langues bantoues sont restées très vivantes, comme en font foi les émissions radiodiffusées dans les principales langues nationales. Néanmoins, là aussi comme partout en Angola, le portugais s'est développé en tant que langue véhiculaire au détriment de l'umbundu, du kimbundu et du kikongo. En fait, la guerre civile a fait davantage que l'école, dans la mesure où elle a occasionné d'immenses brassages des populations dans les centres urbains, ce qui a accéléré la propagation du portugais aux dépens des langues locales. Certains n'hésitent pas à affirmer que le processus a atteint un point de non-retour.

La langue portugaise parlée en Angola s'appelle le «portugais angolais», lequel s'avère très différent de celui que l'on entend au Portugal et au Brésil. Il n'a même rien à voir ni avec l'un, ni avec l'autre (par exemple trofêu au lieu de troféu). Beaucoup de prononciations vocaliques (voyelles) qui sont ouvertes au Portugal et très ouvertes au Brésil, sont tout simplement fermées à Luanda. Enfin, bien que le taux d'analphabétisme atteigne parfois des proportions effarantes (jusqu'à 80 % des enfants n'apprennent ni à lire ni à écrire), le portugais est devenu une langue incontournable pour les communications interethniques. Un professeur angolais, Rui Ramos, de race blanche et ayant toujours vécu en Angola, écrit :

Dans les années quatre-vingt, j'ai parcouru toutes les zones de guerre, où il n'y avait même pas d'enseignement. On continuait à y parler la langue portugaise [...]. Tout ça s'est passé au long de Huambo, du Bié et, plus tard, au Lubango et au Cunene, lorsque j'y allais pour prêter secours aux déplacés provoqués par l'invasion sud-africaine. Dans les quatre-vingt-dix, je suis retourné à Benguela, au Biè et au Andulo [...]. À Cabinda et partout, on continuait à parler le portugais.

De fait, bien des enfants connaissent déjà le portugais en arrivant au primaire («pré-classe»). Contrairement à ce qu'on puisse supposer, cette première année n'est pas consacrée à l'enseignement du portugais aux petits enfants, puisque ceux-ci ont déjà appris la langue portugaise à la maison.

Les langues africaines

Selon les données démolinguistiques (2000) du Summer Institute of Linguistics de Dallas, plus de 90 % des Angolais parleraient des langues bantoues comme langue maternelle. Celles-ci sont au nombre d'une quarantaine, mais cinq d'entre elles ont le statut de «l angues nationales » et comptent pour près de 80 % des locuteurs. Il s'agit du umbundu (4 millions de locuteurs), du kimbundu (3 millions de locuteurs), du kikongo (1,1 million de locuteurs), du quioco (500 000) et du ganguela (172 000). Même si le lingala (une autre langue bantoue) ne constitue pas une langue angolaise, cette langue est parlée par beaucoup d'Angolais qui connaissent le Congo-Kinshasa.

Les langues étrangères

On estime aussi que beaucoup d'Angolais scolarisés et ceux qui ont résidé au Congo-Kinshasa, au Congo-Brazzaville ou en Namibie savent également le français et/ou l'anglais en tant que langue seconde. En somme, beaucoup de citadins angolais sont à la fois lusophones, francophones et anglophones.

La politique linguistique

La Constitution du 11 novembre 1975 a été révisée le 7 janvier 1978, le 11 août 1980, le 6 mars 1991 (loi de décembre 1991, pluralisme), le 26 août 1992 et en juillet 1995. La dernière Constitution ne contient pas de disposition à caractère linguistique. Autrement dit, le portugais est la langue officielle de facto, puisqu'il n'est proclamé dans aucun texte juridique.

La langue de l'État

Dès la proclamation de l'indépendance, les dirigeants politiques angolais ont privilégié la langue qui leur paraissait la seule immédiatement disponible et opérationnelle : la langue du colonisateur, le portugais. De toute façon, ils n'auraient rien pu faire d'autre, puisque aucune des langues autochtones ne pouvaient assurer la relève. De plus, selon l'un des grands écrivains de l'Angola, Tsunami Pepetela, les nationalistes angolais se seraient approprié le portugais, la « langue du colon » et, ce faisant, il serait devenu la « langue conquise au colon », c'est-à-dire un véritable « trophée de guerre ». C'est pourquoi l'implantation du portugais post-colonial est souvent considérée par beaucoup d'Angolais comme « la plus grande victoire de l'indépendance ».

Le portugais est alors devenu la langue du pouvoir, soit la langue de la présidence de la République, du Parlement (Assembleia Nacional Angolana), de l'Administration publique, des cours de justice, des forces armées et policières, de l'enseignement à tous les niveaux, de l'affichage, des médias, etc. Le portugais conserve aujourd'hui toute la place dans l'espace politique et socio-économique. Bien que le portugais reste la langue de l'État, quelques langues nationales (umbundu, kimbundu, kikongo et quioco) sont néanmoins utilisées lorsque les citoyens ignorent le portugais, ce qui est fréquent.

L'éducation

Le portugais a toujours constitué la seule langue d'enseignement en Angola. Avant l'indépendance, le « portugais de la Métropole » était l'unique langue d'enseignement dans les écoles. Après la sécession d'avec le Portugal, le « portugais angolais » revint en force. Jamais les élites angolaises ne pensèrent un instant de faire entrer les langues africaines à l'école. Ainsi, la « lusophonisation » post-coloniale s'implanta dans la population angolaise à un point tel qu'il existe peu d'exemple du genre, même dans les anciennes colonies françaises ou britanniques. Il faut dire que l'emploi du portugais fut perçu comme un facteur d'unification nationale et d'intégration sociale.

Les écoles n'enseignent qu'en « portugais angolais », appelé aussi « portugais familier », quel que soit le niveau (primaire, secondaire, université). Cette variété de la langue portugaise provient du mélange des parlers africains, du portugais de la Métropole et du portugais brésilien. Les langues angolaises ne sont pas prises en compte dans l'enseignement. À l'université, on enseigne en portugais mais aussi en anglais et en français.

D'après des statistiques fournies par des fonctionnaires des Nations unies, le taux d'analphabétisme au niveau national se situerait autour de 40 %, mais dans les zones rurales ce taux serait près du double, soit jusqu'à 80 %. Environ 66 % des enfants auraient suivi moins de cinq années scolaires. La guerre civile empêche souvent les parents d'envoyer leurs enfants à l'école, beaucoup de chemins étant délibérément minés pour tuer ou blesser les écoliers. À l'époque coloniale, tous les enfants devaient apprendre le français comme langue seconde au secondaire ; aujourd'hui, cet enseignement tend à être remplacé par l'anglais, et ce, d'autant plus que le français n'a pas bonne réputation en Angola ; il est associé à la « langue du Zaïre » du temps du maréchal président de Mobutu (très détesté dans le pays). Il est souvent arrivé que des Angolais soient allés faire leurs études au Congo-Kinshasa et soient revenus en ayant appris le français; appelés les regressados (les « revenants »), ils ont souvent été perçus comme des traîtres une fois revenus dans leur pays.

On estime que près de 40 % des Angolais sauraient en partie le français ou l'anglais. En raison de la guerre civile, les professeurs manquent à tous les niveaux d'instruction. De nombreux Angolais trouvent scandaleux l'absence des langues nationales dans l'enseignement primaire ; certains parlent de « constat malheureux ». En Angola, l'école publique demeure sans ressources. Selon les estimations du ministère de l'Éducation et de la Culture, les écoles angolaises n'ont réussi qu'à absorber dans l'année 2001 que 5 000 nouveaux élèves sur 45 000 candidats. À cause de la guerre, plus de 2 000 écoles ont été détruites. Et le manque de fonds publics empêche les travaux de reconstruction qui, toujours selon le Ministère, comporterait une dépense de 500 millions de dollars par an.

Droit à l'éducation

L'éducation est obligatoire de 6 à 9 ans. Environ 60 % de la population a moins de 15 ans. Le taux d'alphabétisation de la population serait de 67 % (83 % d'hommes, 54 % de femmes). Parmi les plus de deux millions d'analphabètes que compte la population, 74 % sont des femmes.

Même si aux yeux de la loi, l'enseignement primaire et secondaire devrait être gratuit, les étudiants doivent payer des frais importants pour les livres et les fournitures. La plus grande partie des infrastructures éducatives ont été détruites pendant la guerre, et les écoles manquent de matériel de base et de matériel éducatif. Une campagne « Retour à l'école » a formé 20 000 nouveaux enseignants à des postes dans des écoles à travers le pays. L'UNICEF a rapporté que 56 % des enfants âgés de 6 à 9 ans vont à l'école contre seulement 6 % des enfants âgés de 10 à 11 ans.

Le nombre d'enfants n'allant pas à l'école est estimé à plus d'un million. Une inégalité entre hommes et femmes en matière d'inscription à l'école favorise les garçons par rapport aux filles. Les enseignants sont souvent non payés ou sous-payés et demandent fréquemment des salaires officieux aux étudiants. La corruption serait présente dans le secteur éducatif. Les revenus du pétrole pourraient fournir une éducation à tous les enfants dans le pays mais peu de fonds sont accordés aux services publics.

Le Fonds monétaire international (FMI) a constaté que le budget de la défense de l'Angola était presque dix fois plus élevé que les investissements en matière d'éducation.

Éducation de la petite enfance (EPE)

Elle devrait être disponible pour les enfants âgés de 3 à 6 ans. Il n'existe pas de données statistiques sur le pourcentage d'enfants inscrits dans l'EPE ou d'enseignants travaillant dans ce secteur.

Enseignement primaire

L'éducation est obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 9 ans. Le taux brut de scolarisation (TBS) est de 34 %. Aucune information statistique supplémentaire n'est fournie.

Enseignement secondaire et enseignement et formation professionnelles

L'âge officiel d'entrée dans l'enseignement secondaire est fixé à 10 ans. Aucune information statistique supplémentaire n'est fournie.

Enseignement post-secondaire et supérieur

Les statistiques montrent qu'un total de 12 982 étudiants sont inscrits, ce qui implique un TBS de seulement 1 %. Parmi les inscrits, 40 % sont de sexe féminin. 32 % de l'enseignement supérieur est fourni par le secteur privé. 20 % des 1 285 enseignants travaillant à ce niveau sont des femmes. 5 942 étudiants étudieraient à l'étranger, principalement au Portugal (3 367), en Afrique du Sud (839), aux États-Unis (442), en Namibie (354) et en France (205).

Sources
  1. LECLERC, Jacques. « Angola » dans L'aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 20 mai 2009, [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/angola.htm], (4 décembre 2009), 243 Ko.
  2. WIKIPÉDIA, coll. Article « Angola », 3 décembre 2009, [http://fr.wikipedia.org/wiki/Angola], (4 décembre 2009), 877 Ko (document sous licence de documentation libre GNU, GFDL).
  3. Internationale de l'éducation (IE), coll. « Angola », dans Baromètre de l'IE sur les droits humains et syndicaux dans le secteur de l'éducation, 15 juiin  2007, [http://www.ei-ie.org/barometer/fr/profiles_detail.php?country=angola], (4 décembre 2009), 248 Ko.

Direction des services départementaux de l'éducation nationale de l'Yonne
Dernière mise à jour de cette page le 04/12/2009.